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Méringues 2009, où en sommes-nous?

Si les méringues de l’année 2008 parlaient presque tous de «Ti blada», celles de cette année-ci donnent à penser que le thème du carnaval 2009 est «Men en lè».

En effet, la plupart des groupes musicaux ne semblent plus trouver autre geste à réclamer du public que de lever les mains:

«Leve 2 men anlè»
«Leve men nou pi wo»
«Men anlè, men anlè»
Soit ils se croient gendarmes soit, alors, ils nous prennent vraiment pour des bandits. 😉

De toute évidence, nous sommes en pleine carence de texte soigné. Attardons-nous sur quelques points.


Les textes

Un cousin me fait remarquer que toutes les méringues sont pareillement structurées:

1._ Une intro annonçant la«force de frappe»du groupe
2._ Un plainte concernant les problèmes sociaux
3._ Des pointes vers les formations rivales
4._ Reprise de la plainte
5._ Reprise des pointes


Concernant les plaintes sociales, j’ai une remarque à faire. C’est une bonne chose en soi que de se montrer concerné par ce que vit le pays.

Mais si cela doit être fait, ne vaut-il pas d’être bien fait?

Rabâcher «Nou bouke ceci, nou bouke cela…Nou bezwen ceci, nou bezwen cela…» est-ce vraiment utile?

Pourquoi ne pas prendre exemple sur les ainés. Le Bossa  souvent, intègre de fort belle manière une question d’actualité sociale à ses méringues et en profite pour véhiculer un message éducatif:

«Janine kote lisans ou…»
«Pase m’ koupe yon pye bwa mwen pito mouri…»



Les «betiz»

Certes, il a longtemps (pas toujours) été de coutume que des méringues offrent des textes se prêtant facilement à des conversions insanes, mais on y découvrait quand même un certain art qui rendait la chose sinon décente, en tout cas, moins vulgaire.

Dans cet exercice, le Bossa Combo et le Shoogar Combo était passé maîtres. Quelques exemples:

Ti pigeon ki poko gen plim pa konn vole
Gwo pigeon ki fè plim deja vole tou tan.
(Shoogar Combo, 1985)

Si ou pa gen siyal wa fè l’ avèk dwèt…

Si ou nan lari wape sikile
pa pran limyè wouj la
pa antre nan sansinik la…  
(Bossa Combo, ?)

Le texte dans une interprétation ou l’autre garde un sens cohérent et entier.

Est-ce le cas cette année? non. À part Vwadezil, qui depuis tantôt 4 ans arrive à produire une métaphore digne de ce nom.

Mais il n’y a qu’à prendre le cas de cette histoire de Moto qu’a lancé Carimi pour constater à quel point les méringues sont rendues puérilement pervers.



Les«polémiques»

Alors, là! moi qui fus (et le suis encore) fan de DP-Scorpio et de Sicot-Nemours, je regrette vraiment que la polémique soit d’actualité tant ça n’apporte rien de bon.

Djakout-Tvice, qui depuis 2 ou 3 ans laissaient à désirer, n’offrent en spectacle que vulgarité et niaiserie. Pas de réplique astucieuse, d’allusion géniale. Rien que des injures gratuites et indécentes. Il n’est plus question que de «kaka», de fatras, de «dan kazèn», etc.

La polémique, autrefois et même au début su Sweet Micky-Mizik Mizik donnait lieu à un dialogue. On pouvait en faire un récit. Essayez donc d’en faire autant avec ce qui se dit maintenant. Bon courage!


La musique

Les envolées et solos mélodieux semblent avoir été bannis. La plupart des groupes ne jurent plus que par leurs breaks. Il ne passe pas 20 secondes sans que la batterie ne se mette à bruire. Et si nous ajoutons la chorale qui crie beaucoup plus qu’elle ne chante, le chanteur principale qui s’évertue à ne pas laisser entendre les instruments, on obtient ces méringues qui, bien avant la guerre de décibels du parcours, nous cassent déjà les oreilles.

Alors, ce qui tiennent à défendre quand même ces compositions avancent que c’est pour que la méringue soit «béton».

Mais S’il-pous-plait. En quoi est-ce cette façon de faire qui rend une méringue capable d’enflammée un parcours? Comment allez-vous donc m’expliquer que la méringue «Biberon» du DP Epress en 1981 n’était pas «Béton». Je m’en garde d’en citer d’autres.


Les «Pas Mal»

Tout n’est pas noir. C’est gris très foncé, mais pas noir.

J’apprécie le retour, ou la tentative de retour d’anciens ténors comme le Bossa Combo, le DP sous le nom d’Oxygen. Dès leurs premières notes, la différence avec ce qui se fait aujourd’hui se fait sentir.

Krezi Mizik et Vwadèzil méritent aussi d’être encouragés et félicités pour leur travail. Je leur dis bravo!

La formation Kooler aurait mérité, elle aussi, une bonne note si ce n’était la bizarrerie de leur texte. Soyons sérieux. Comment un groupe qui présente pour la première fois une oeuvre musicale, un groupe que personne ne connaît encore peut parler de «Tout moun di se nou yo vle», «Fanatik yo Ann ale!»?

Mais je reconnais que leur méringue apporte une bouffée de mélodie.


Les groupes Rasin

Cette tendance mérite bien une attention particulière. Après les folies déchainées par «Kè m’ pa sote – Boukman E.», «Manman Pou la – Koudjay» ou «2 pa – Chandèl» le calme semble être revenu.

Ceci est dû d’après moi à l’image que s’est donnée la tendance elle-même.

Les musiciens racines se réclamant presqu’unanimement du Vodou religieux et s’affichant comme militants politique ne faisaient leurs beurres qu’avec les troubles politiques. Ils ne trouvent plus preneurs lorsque la population n’est pas hostile au gouvernement en place.

Pour sauver la face, il ne reste plus que RAM à jouir encore d’une certaine cote.


Conclusion

Avec le défilé des trois jours gras, le carnval 2009 peut encore être sauvé. Mais coté méringues, il naus faudra encore attendre pour espérer mieux. Mais je reste très optimiste pour l’année prochaine, ne voyant vraiment pas comment on pourrait descendre plus bas.


Tilou

12 février 2009

NB: Je n’ai pas pu, évidemment écouté toutes le méringues. Je fais donc mention des ténors. Ne maîtrisant pas la tendance Rap, je me suis gardé d’en parler

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