Les billets de Tilou

Quand tu danses, quand tu danses…

Ce serait insensé hein que les clubs de foot décident de ne plus rémunérer leurs joueurs? Que ce soit alors à ces joueurs de payer leur employeur? Qu’en plus les parents de chaque joueur aient à payer leurs places au stade? Et tout ça parce que les joueurs ont pu développer leur talent grâce au club? Ça serait bizarre hein? De l’exploitation à outrance diriez-vous. Et vous vous auriez raison.

Alors, pourquoi personne ne trouve curieux cette même pratique chez les écoles de danse? Vous n’aviez pas remarqué?

C’est pourtant exactement ce qui se passe: Des enfants reçoivent des cours de danse pour lesquels leurs parents payent un montant fixé par l’école. Ensuite, l’école organise une représentation pour montrer les prouesses des ses élèves. Évidemment, certaines fois une cotisation est réclamée de ces mêmes élèves qui auront à assurer le spectacle. Et malgré tout ça, on ne retrouve même pas la décence qui voudrait que les parents (yo menm k’ap peye kou yo) soient des invités spéciaux.

Bon, je ne réclame pas une invitation pour chaque membre des familles d’élèves. Je suis bien conscient que la préparation et la tenue du spectacle doivent être coûteuses. Et puis, certaines familles, par le nombre de membres qu’elles comptent, auraient découragé les organisateurs.

Mais tout de même. Une seule carte par famille témoigne trop de l’évidence que si les enfants pouvaient se rendre seuls à la représentation, aucun membre de la famille ne recevrait d’invitation. S’il est possible que celui qui amène l’enfant ne reste pas assister au spectacle, c’est encore mieux. Une place de plus pour quelqu’un qui paye!

Le hic, c’est qu’à part les parents d’élèves, qui ont à cœur d’annoncer « ma fille danse dimanche », personne d’autre ne s’intéresse à cette histoire. Les écoles pensent, peut-être, n’avoir que les parents à escroquer.

Et cette pratique fait école.

Après la messe, un dimanche, une souriante dame m’aborde gentiment. Passés les traditionnels et vides formules « comment allez-vous ? » et les intéressés « quelle est mignonne, ta fille », elle attaque directement : « Pour la fin de l’année, on organise un spectacle de chants et vos enfants pourraient faire partie de la chorale. » Alors, là c’est la partie qui rend heureux. L’autre partie, est annoncée le dimanche suivant. Quand je confirme que je suis bien d’accord que les enfants y soient. Elle m’explique alors, avec le même sourire, que la cotisation est à 750 gourdes par enfant et qu’il faudra à chaque parent payer l’admission dont le montant n’est pas encore déterminé.

Évidemment, une fois la cotisation payée, quel parent ne voudra pas assister à un spectacle dans le quel joue son enfant. C’est bien sur ce point faible que jouent donc cette femme et ces écoles pour nous soutirer de l’argent. Ce qu’elles réussissent très bien. Ce que nous acceptons en souriant.

Tilou

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