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Ces stats qui ne disent Rien!

À une certaine époque, le football se regardait. Les matchs attiraient pour les actions que les uns rappelaient aux autres avec euphorie. Les joueurs faisaient parler d’eux pour les gestes d’anthologie qu’ils sortaient de nulle part.

Évidemment, les résultats avaient toujours compté. L’efficacité d’une équipe, le pragmatisme d’un joueur…étaient toujours reconnus, soulignés et loués.

Mais ce qui faisait de nos discussions des passe-temps dont on ne se lassait pas, c’était plutôt l’émotion que suscitait le spectacle offert à nos yeux.

Maintenant, les choses on changé. Si certains « fans de foot » sont encore à l’affut d’un geste technique surprenant ou bien exécuté, la plupart des « commentateurs » parlent plutôt de chiffres.

L’importance d’une équipe et surtout d’un joueur est, de nos jours, proportionnelle aux stats qu’ils sont capables de générer. Le contenu d’un match ou l’action amenant à un but ont peu de considération. Seuls comptent: qui a marqué, qui a gagné, combien de buts, etc… Nous sommes à l’ère des chiffres.

Et, assurés que les chiffres ne mentent pas, c’est presqu’avec suffisance que les mordus de la compta nous avancent leurs critères d’évaluation des titres et concours, sans prendre le temps, malheureusement, de constater que certaines de ces « stats » ne disent rien. Absolument rien!

CleanSheet

Dans une comparaison des accomplissements d’un gardien de but, on sortira souvent le nombre de « cleansheet » réalisés. Cette donnée renseignant sur le nombre de matchs joués sans encaisser de but, s’il renvoie à des faits (si le gadien a joué x matchs avec sa cage inviolée, c’est une vérité!), ne peut pas décanter les qualités des gardiens de but ni même distinguer leur meilleure performance.

Un gardien de but protégé par une défense de fer composée de défensseurs talentueux et expérimentés aura toujours moins de chances de concéder un but que celui-là représentant le dernier rempart d’une equipe expérimentale avec des défenseurs peu aguérris et aux talents dépassant à peine la moyenne.

Le ratio de ballons arrêtés par nombre de tirs subis semble un peu plus pertinent. Mais, là encore, il faudrait tenir compte des équipes rencontrées et des faits de jeux, comme les différentes tactiques et stratégies pour chaque match.

Il n’est ainsi pas si difficile d’imaginer qu’un gardien ayant concédé 3 buts à une attaque de feu contre laquelle il a déjoué 5 autres tentatives, est plus méritant que celui-là ayant passé une soirée tranquille face à une équipe n’ayant cadré aucun tir.

D’autres données entrant dans la comparaison entre joueurs posent problème: Les titres gagnés, le nombre de MOM (Homme du match), les nombres de penalty ou de coup-francs, le nombre de buts marqués donnant le titre de meilleur buteur (ce n’est pas tant la donnée elle-même qui pose problème, mais ce qu’on lui fait dire. Le terme « meilleur » me semble inadéquat. L’expression anglaise « top scorer » traduit mieux la vérité.)

Passe décisive

La stat la plus parlante du problème soulevé ici est la « passedé ». Après le nombre de buts, c’est l’information tirée en premier dans ces comparaisons entre joueurs de champs efficaces. Pourtant, c’est une donnée qui, prise sans autre consideration, ne veut absolument rien dire, puisque ne dépendant nullement de celui à qui il est attribué.

Une passe décisive n’en est une qu’aprés que le recepteur ait marqué. Le passeur n’est donc pas acteur dans l’action qui dira si ses chiffres seront augmentés. C’est le buteur qui fait de la passe une passe décisive, et non le passeur. Ce dernier aura beau exécuter son geste à la perfection (techniquement et tactiquement), la passe désisive dépendra de ce qu’en fera son coéquiper.

Que peut-on reprocher à Yussuf Ayila sur cette passe à Yakubu Aiyegbeni lors de la Coupe du monde 2010?

inversement, certaines passes mal exécutées se voient qualifiées et comptées comme passe décisive parce que le buteur se sera démené pour concrétiser l’action. En témoigne cette passe ratée de Kilian MBappé à Benzema face à la Suisse lors de l’Euro 2020.

Pourtant, ces chiffres-là disent que MBappé a été performant, et Ayila, pas. Vous conviendrez avec moi que ces chiffres ne reflètent pas la réalité.

Ainsi, l’évolution du football vers une obsession des statistiques semble avoir détourné l’attention de l’essence même du jeu. Autrefois, c’étaient les moments de magie, les gestes d’anthologie et l’émotion pure qui captivaient les supporters et nourrissaient les discussions passionnées. Aujourd’hui, alors que les chiffres dominent le discours, il est crucial de rappeler que derrière chaque statistique se cache une histoire plus complexe et nuancée.

Les statistiques peuvent fournir des indications utiles, mais elles ne peuvent pas encapsuler la totalité du talent, de la stratégie et de la contribution d’un joueur ou d’une équipe. La véritable valeur d’un joueur ne se résume pas à ses buts marqués ou à ses passes décisives, mais à sa capacité à influencer le jeu, à sa vision du terrain et à son impact sur ses coéquipiers.

En ramenant le débat à ces aspects plus humains et subjectifs du football, nous redonnons toute leur importance aux moments de grâce et à l’émotion qui font de ce sport un véritable art.

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