L’informatique et, principalement Internet se révèlent déjà très profitables aux petits pays comme Ayiti. Sur certains points, ils le sont bien plus à nous qu’aux pays riches et développés.
En effet, les nombreux textes, articles, ouvrages et bibliothèques numériques présents sur la toile, sont — ou devraient — être plus utiles aux habitants des pays du Sud qu’à ceux des pays du Nord, disposant plus facilement de bibliothèques ou de moyens financiers permettant l’achat d’un livre.
Internet facilite aussi l’achat d’articles introuvables dans le pays. Acheter directement en ligne devient de moins en moins sorcier. Et certains articles peuvent même être livrés à domicile.
Cet outil, qui présente tant d’avantages, peut nous nuire si nous ne nous préparons pas à sa vulgarisation.
Je n’entends pas, par« préparation », la familiarisation personnelle aux outils et à la technologie Internet, comme il se pratique déjà ; ni le simple remplacement des cahiers de notes et des machines à écrire par des ordinateurs ; ce qui, soit dit entre-nous, n’a rien à voir avec l’informatisation. Je veux plutôt parler des regards et comportements étatiques ayant rapports aux utilisations, bonnes et mauvaises, d’Internet et de l’informatique en général.
Le MENFP [1] et l’enseignement des NTIC [2]
L’État doit se pencher sur la meilleure manière d’enseigner l’informatique. Est-il normal que ce soit aux écoles, aussi bien classiques que celles dites professionnelles, de décider quels cours offrir et comment présenter ces cours ?
À mon humble avis : non.
Le MENFP doit monter un programme pour l’enseignement de l’informatique et définir en quelles années du Primaire, du Secondaire et de l’Université les cours doivent être enseignés. Des contrôles concernant ces cours devront également intégrés les examens officiels pour garantir à l’élève ou l’étudiant le sérieux du cours reçu. Exactement comme cela se fait pour les Mathématiques, la Physique, les Langues, etc.
Évidemment, le MENFP ne peut porter seul la responsabilité de ces actions. N’ayant pas forcément les compétences requises, il pourra être accompagné d’une commission technique composées de spécialistes.
L’État Ayitien et les inventions technologiques
Ayiti pourrait profiter pour se doter d’une institution régissant l’intégration des nouvelles technologies, comme le Cnil, en France. (Je ne mentionne pas la Conatel – Conseil national des Télécommunications, parce qu’elle ne devrait pas se limiter aux télécommunications).
Cette institution serait chargée de la veille technologique [3], de l’appréciation de l’utilité des nouvelles inventions pour le pays et de l’opportunité de leur application.
Elle se pencherait également, en soumettant des propositions de lois au Parlement, sur les bonnes ou mauvaises utilisations de la technologie.
Dans certains pays, comme la France, conscients de certains dangers, la loi précise la puissance autorisée pour les appareils Wi-Fi [4], ainsi que leur lieu d’utilisation (ex: certains appareils Wi-Fi sont interdits dans les maternités). En Ayiti, chacun semble être libre d’utiliser l’appareil de son choix ; qu’il s’agisse de téléphone portable ou autre gadget à la mode.
Il en va de même pour la Cybercriminalité, à laquelle la loi, à ma connaissance, ne fait aucune allusion. Comment traiter celui ou celle qui arrive à s’approprier un numéro de carte de crédit par hacking [5] ?
La liberté individuelle, aussi, devra être prise en compte : Jusqu’où doivent s’étendre les pouvoirs de nos FAI [6] et de nos hébergeurs sur nos données informatiques ?
Certes, le fardeau n’est pas léger. Mais il faut bien préparer notre entrée dans le nouveau monde parce qu’elle peut s’accompagner de complications et parce que nous y rentrerons de gré ET de force.
Notes
[1] Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle [2] Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication [3] La veille technologique est l’ensemble des techniques licites visant à organiser de façon systématique la collecte d’informations technologiques, l’analyse, la diffusion et l’exploitation de ces informations utiles à la croissance et au développement de l’entreprise. [4] technique de réseau informatique sans fil mise en place pour fonctionner en réseau interne et, depuis, devenu un moyen d’accès à haut débit à Internet [5] Le hacking, notamment celui touchant à l’informatique, est une pratique visant à un échange “discret” d’information en fouillant ou bidouillant. [6] Fournisseurs d’Accès Internet
Ce texte avait été déjà publié dans le journal Le Matin, le 11 septembre 2008