L’histoire officielle de la mort de l’Empereur ne fait pas l’unanimité quant à ses auteurs et le lieu du drame.
Si le Larousse est formel «Il fut assassiné par Christophe et Pétion » (cf. Le Petit Larousse illustré 1994), dans nos manuels scolaires et dans certains livres d’Histoire l’Empereur se fait surprendre dans un Guet-apens au Pont-Rouge en voulant se rendre à Port-Salut pour réprimer une révolte. Quelques soldats furieux et voulant s’accaparer de l’héritage de l’indépendance lui tendent un piège et mettent fin à sa vie.
Certaines personnes affirment cependant que Jacques 1er serait mort empoisonné chez Pétion. Personnellement un prof d’histoire ainsi que ma mère me répétaient assez souvent qu’un livre d’histoire d’Haiti, écrit pas un français, en donnait même les détails. (Je n’ai, à ce jour, jamais pu identifier ce livre, voire le consulter).
La culture populaire a peut-être trouvé un moyen, avec un proverbe, d’attirer notre attention sur cet événement en nous invitant à douter de la version officielle :
«Ki mò ki touye Lamperè ?»
(comment est mort l’Empereur?)
La plupart du temps, à prendre comme tout proverbe, au second degré, il sert à exprimer l’incapacité à lever le voile sur un doute. Mais si l’illustration a voulu prendre à témoin la mort de l’Empereur, c’est que la version du guet-apens n’a pas été acceptée. Surtout que le nom même de Dessalines ainsi que son portrait avaient été bannis au moins dans certains départements (sur toute l’île d’après certaines sources) jusqu’en 1846.
Quelles que fussent les circonstances de ce tragique événement, deux vérités ne peuvent être remises en question:
La première n’est pas contestée: l’empereur Jean-Jacques Dessalines a été ASSASSINÉ. La seconde n’est peut-être pas assez affirmée : Sa vision d’une séparation équitable de l’héritage de l’Indépendance n’a pas été suivie par ses successeurs.
L’article 14 de la Constitution Impériale du 20 mai 1805 (qui, en avance sur son temps, consacrait déjà la laïcité en ses articles 50 à 52), réglant la question de couleurs aura vite fait de disparaître avec la Constitution votée le 27 décembre 1806. (cf. 1801-1885 Le premier siècle de constitutions haitiennes, Le Petit Samedi Soir No 598) Et la réponse à sa célèbre interrogation « Les Noirs dont les pères sont en Afrique n’auront donc rien ? » se fait encore attendre.
Le 17 octobre 1806, ne ramène donc pas seulement la mort d’un empereur. Cette date est celle de l’odieux assassinat du Libérateur par ceux qui sentaient leurs intérêts et vils projets menacés par sa vision de justice et d’égalité. Le 17 octobre n’est pas un jour férié ordinaire. Ou du moins, tel ne devrait pas être le cas. Cela doit être un jour de deuil rappelant l’assassinat de Dessalines!
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